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Les militants
Chers citoyens (Concitoyen, à la connotation tellement réaliste mais provocante, me gêne un peu...)
Les militants ? Lacan les décrivait à sa façon : Jobards ou barjots. Voir Larousse !La caractéristique d'un esprit libre est d'abord la lucidité, lucidité sur les autres, mais aussi sur soi ; et si tu es lucide, tu ne militeras pas. En revanche, tu peux consacrer une période de ta vie à cultiver l'illusion que tu vas changer le monde comme d'autres entretiennent leurs abdominaux ou se masturbent; toutes choses qui n'ont aucune sorte d'importance, vues de Sirius, mais tolérables parce que généralement agréables... surtout la masturbation. J'ai dirigé des équipes de colleurs/décolleurs d'affiche. Le genre de trucs qui ne déplacent pas une voix, garanti, prouvé ; ça permet seulement d'avoir des souvenirs plus tard pour égayer les conversations, et les cicatrices des coups de nerf de boeuf reçus au cours de ces nobles tâches... La référence à Lénine et à Robespierre - ce dernier dont Mirabeau disait : Il ira loin, il croit tout ce qu'il dit ! - me gêne un peu. Ces deux humanistes distingués, en prétendant vouloir faire le bonheur du monde, sont devenus, à des échelles différentes, des flics et des bourreaux. Camus disait fort bien : "Toute idée fausse finit dans le sang, mais il s'agit toujours du sang des autres." C'est ce qui explique que certains de nos philosophes se sentent à l'aise pour dire n'importe quoi. Tu te sens gêné Sartre ? Hou ! vil ! Tout compte fait, je préfère Gilles de Rais. Il ne prétendait qu'à son plaisir immédiat. Le citoyen
Vous connaissez mon goût pour la sémantique... Aussi, permettez que je m'y roule, sans gêne aucune. Dans l'Antiquité, un citoyen était simplement une personne qui jouissait du droit de cité. L'usage fit ensuite du mot, le membre d'un État, considéré du point de vue de ses devoirs et de ses droits civils et politiques. Sous la Révolution, enfin, les avides du changement pour changer substituèrent ce mot à « monsieur » et « madame ». Bof ! Aujourd'hui, tout le monde parle de citoyenneté dans la confusion la plus complète. Nous vivons confus, disait mon cher ami Confucius, en ces temps sans gland. Je continue : on s'aime en tics ! Gauche et droite
Plus inquiétante est l'origine des mots gauche et droite. Gauche vient du latin sinister (senestre en vieux français) et qui signifie maladroit, gêné, emprunté, par exemple comme un Jospin adulte face à ses électeurs contestataires… Sinister a aussi donné sinistre ; Brrr ! de mauvais augure, qui présage le malheur. Qui fait naître l'effroi, sombre, inquiétant. Regard sinistre, comme celui d'un président de conseil constitutionnel contemplant ses coûteuses pompes. Triste et ennuyeux, comme un éditorial de l'Humanité-Dimanche. Droite vient du latin dexteritas (dextre en vieux français) qui a donné dextérité. Exemples : l'habileté, l'adresse de la main. La dextérité d'un prestidigitateur tel XXX faisant acheter par son épouse les terrains de C-P juste avant que la fameuse zone soit décidée... par ses soins. Adresse d'esprit, habileté dans la manière d'agir comme XXX (ô pardon j'ai oublié la particule !) surgissant d'Europe centrale pour nous construire Paris II, avec quels fonds camarades syndiqués ? avant de prendre la direction de LXXX, ville exploitée comme une mine. Conduire une affaire avec dextérité comme XXX la mairie de Paris. Démocratie
Je l'avoue, ayant lu Aristote, je ne pouvais lucidement croire en la démocratie. J'ai déjà cité mon pote en ce lieu : je récidive : la démocratie est une utopie ; pour qu'elle soit possible, il faudrait que les citoyens soient, aussi, égaux en vertu... et là, pas besoin de preuve par neuf ! Quant à la République ce sont, paradoxalement, des républicains qui m'ont ouvert les yeux. Notamment, grâce à un merveilleux enseignant, ami de mon père à qui il avait fait l'école, et ami de mon grand-père avec lequel il militait. Eh oui ! Président de l'Amicale laïque de Rive-de-Gier, le père Bessy, non sectaire, avait une honnêteté intellectuelle sidérante. Des exemples entre mille : Je le revois, la voix tremblante lorsqu'il nous racontait que, juste avant sa mort, Louis XVI voulant parler à la foule, un roulement de tambour décidé par le maître de cérémonie (sic !) couvrit sa voix. Révolution française
Et les carmélites de Compiègne ! Autre émotion du hussard noir de la république... Des femmes jugées, condamnées et guillotinées pour délit d'opinion. Arrêtées par de beaux gendarmes républicains, conduites en charrette, et guillotinées par un bourreau républicain. Et le dauphin au Temple, pauvre gosse coupé de sa famille, privé d'eau pour l'obliger à boire du pinard et sodomisé par son gardien républicain qui, en plus, s'en vantait et les bonnes âmes de sourire complaisamment ! Historiens philosophes, expliquez-moi où est l'humanité dans ces saloperies! Dans la documentation très riche de mon grand-père dont j'ai heureusement récupéré une infime partie, le reste ayant étant donné à la bibliothèque de la bourse du travail de Saint-Étienne - vidée par Vichy qui détruisit les documents - se trouve un ouvrage datant du 3 brumaire an IV, soit le 25 octobre 1795, et intitulé : "Recueil des dispositions du code des délits et des peines et des lois sur la police rurale et municipale et sur l'état-civil; relatives aux fonctions des officiers de l'état-civil, agens municipaux et commissaires du pouvoir exécutif près les administrations municipales." En juin 1792, l'Assemblée proclame "la Patrie en danger". Du coup, si en mai la déportation s'opère encore sur la dénonciation de vingt citoyens "actifs" - quel beau qualificatif pour des mouchards ! - en août, celle de six personnes suffit et en octobre 1793, de mieux en mieux, un déportable peut être mis à mort sur dénonciation de deux citoyens ! A la page 53 de ce manuel, relié avec des assignats, on trouve cet incroyable monument : un chapitre traitant de la dénonciation civique avec modèle de lettre-type et la façon de signer. Je cite : le dénonciateur, les témoins, l'officier de police. La délation élevée au rang de vertu républicaine... Ah ! Parlez-moi des grands ancêtres ! De beaux flics et, pardonnez-le moi si vous le pouvez, je n'aime pas les flics qu'ils soient monarchistes ou républicains. Un républicanisme pur et dur
J'ai baigné pourtant dans un républicanisme environnemental laïc pur et dur (because mon aïeul paternel grand homme et militant) dont l'influence fut heureusement contrebalancée par une grand-mère maternelle qui cultivait son goût du merveilleux dans une religiosité superstitieuse, héritière du paganisme sacré originel. Délice des délices ! En conséquence, la République, friande de symboles maçonniques de supermarché avec ses mariannes en plâtre aux visages fluctuants de vedettes à la mode, ne me plut jamais. Trop toc, impossible de délirer sur le médiocre ! En revanche, l'encens, le latin, auquel je ne comprenais rien (et alors, est-ce que les discours politiques ont besoin d'être compris ! le peuvent-ils d'ailleurs !) le grégorien, le Mystère, les chemins jonchés de pétales de rose ont fait mon ravissement. Conscience confuse d'appartenance à un monde, une culture, absolument déraisonnables. Droit à la différence
En écrivant ainsi je prendrai des risques... avec d'autres, of course ! Pas avec vous militants qui vous battez pour ce putain de sacré droit à la différence, j'entends toutes les différences, évidemment ! Une crainte pourtant m'habite (Alain, pas d'interprétation tendancieuse !) : En effet, je ne suis pas un kurde, chère à Danielle la veuve éplorée ; je ne suis pas un moldave en rupture de ban ; je ne suis pas un noir sans-papiers occupant une église (je dis bien église, jamais mosquée ou synagogue ! Merde, il faut bien que le respect subsiste quelque part !) Voltaire
J'ai admiré Voltaire longtemps et il fait mes délices... encore. Pourtant (ah, quelle tuile d'aimer l'histoire !) mon enthousiasme s'est offert un sérieux bémol lorsque j'ai découvert que, très bourgeoisement, il plaçait son fric dans les compagnies de bois d'ébène sises quai des Chartrons à Bordeaux pour leur rentabilité juteuse. Comme quoi, on peut avoir le coeur à gauche et le portefeuille à droite. [...] Périssent patries, partis, dogmes et que l'humanité soit sauvée ! Dormez en paix braves gens ! Je veille...
Joseph Sigward :
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