Avant-Propos
J'ai toujours préféré voir par moi-même
la réalité des choses plutôt que d'en lire la description
par un tiers.
Cela diminue le champ de la connaissance, mais si l'on
est un observateur attentif, cela permet de voir ce que d'autres n'ont
pas vu ou jugé utile de rapporter.
Ainsi j'ai mené une double vie. D'un côté
actif et entreprenant, de l'autre méditatif et solitaire.
Alors que je pouvais constater les résultats de
ma vie active et en contrôler l'efficacité, ma vie méditative
est devenue de plus en plus solitaire et secrète.
D'autant plus secrète que plus ma pensée
se développait, plus elle se séparait de toutes les idées
reçues.
Ainsi je n'osais plus exprimer les miennes.
Le fil conducteur de cet essai est le suivant : dans la
vie animale et la vie végétale, la perpétuation est
le seul critère de jugement de valeur.
Tout ce qui aide à cette perpétuation est
bon, tout ce qui peut l'empêcher est mauvais.
La perpétuation génétique reste la
seule méthode assurant la transmission de l'activité animale.
Le couple de rossignols ne peut enseigner sa manière
de chanter ou de confectionner un nid, car ses petits prennent très
vite leur autonomie. Pourtant, ces derniers, d'instinct, agiront comme
leurs parents,
Si l'espèce rossignol s'éteint, avec elle
disparaît un chant merveilleux, un nid à nul autre pareil,
ses productions «culturelles». L'absence de perpétuation
engendre le néant.
Les connaissances animales sont innées, se transmettent
avec le patrimoine génétique, et sont suffisantes pour assurer
la pérennité de l'espèce.
L'homme a accumulé un nombre considérable
de connaissances. Son patrimoine génétique ne les conserve
pas , aussi, a-t-il créé les moyens de les conserver,
Cependant, tout le monde n'est pas apte à assimiler
et communiquer ce savoir. Cette culture dont nous sommes si fiers ne sera
conservée qu'avec notre pérennité biologique. Si l'humanité
est anéantie, ses créations techniques ou artistiques survivront
un certain temps - pour rien.
En outre, les dépositaires du savoir doivent le
comprendre pour le communiquer, Si - par une évolution à
rebours - cette aptitude s'amenuisait, notre culture agoniserait.
L'Éducation nationale abandonne 20 % d'illettrés,
incapables de préserver ne serait-ce qu'un soupçon de cette
culture.
Pourquoi ?L'incompréhension est-elle innée
? Peut-elle dégénérer ou s'améliorer ? Y a-t-il
en France de plus en plus d'individus capables de comprendre les Pensées
de Pascal, les Essais de Montaigne, ou de moins en moins ? Thomas d'Aquîn
écrivait sa Somme théologique comme un simple pense-bête
accessible à tous les étudiants en théologie. Quel
prêtre, aujourd'hui, comprend réellement sa métaphysique
?
Suivre une piste ne mène pas toujours là
où l'on souhaite, Toutes les vérités ne sont pas agréables
à découvrir.
Aussi, m'est-il apparu cette évidence: chez l'homme,
l'inné est l'essentiel, et l'acquis la conséquence de l'inné.
L'inné détermine les aptitudes, l'acquis n'étant que
la conséquence de la volonté d'améliorer, de développer,
cette aptitude. Et cette volonté, elle-même, est innée.
Or, j'ai constaté que les idéologies actuelles
- les dominantes comme les minoritaires - acceptaient une vérité
première : chaque homme est le résultat de son éducation,
de son instruction, de sa formation, son environnement familial, social,
culturel. De fait, ces idéologies se disputent, s'opposent sur la
finalité, le type d'homme qu'il faut obtenir: mais toutes semblent
penser que l'éducation peut modeler ce type d'homme. Or, ceci est
totalement faux.
A la naissance, tout est déjà décidé.
L'homme possède un destin providentiel qu'il va s'efforcer de réaliser
; il ne l'épanouira que très rarement de façon complète.
Une erreur tragique
Je montrerai combien l'erreur dont je viens de parler
a des conséquences tragiques,
Chaque peuple est adapté pour comprendre et utiliser
sa propre technologie, et apprécier son art. Malheureusement, les
Blancs ont pensé que leur technologie, leurs valeurs, étaient
non pas différentes de celles des autres peuples, mais en avance.
Ils ont pensé également que par l'éducation,
ils pouvaient former les peuples à leur image, pour leur bonheur.
Ce fut la terrible erreur africaine dont nous n'avons pas fini de constater
le désastre.
Différent ne veut pas dire supérieur ou
inférieur. Le loup est différent du chevreuil. Il n'est ni
supérieur ni inférieur. Ces animaux sont parfaitement adaptés
au style de vie prévu par le Créateur. Le changer n'a aucun
sens, C'est proprement absurde. Encager le loup pour le protéger
des sautes de température, le nourrir à satiété
ne correspond pas à sa nature. Le Noir africain, l'Arabe, l'Asiatique
sont différents de l'homme blanc. Ils ne sont ni supérieurs
ni inférieurs.
Dire que cette différence est seulement culturelle,
c'est-à-dire engendrée par l'éducation, la formation,
L'environnement, est une illusion, sur laquelle on ne peut rien construire.
Laissons chacun choisir son style de vie, sa civilisation. Ne jugeons pas
par rapport à nos valeurs, l'admiration ou la critique n'ont aucune
sens.
Le jour où j'ai constaté que deux enfants
de parents différents, mais nés le même jour et éduqués
ensemble, dans la même famille, et de la même manière,
pouvaient être totalement dissemblables.
Les jumeaux
Le jour où j'ai découvert que deux vrais
jumeaux, séparés par inadvertance à la naissance,
élevés différemment dans des familles différentes,
et se retrouvant à l'âge adulte, étaient toujours semblables,
et s'entendaient parfaitement dès les premiers contacts.
J'ai alors compris l'absurdité des idéologies
de notre temps.
L'énorme travail expliquant par la psychanalyse
les différences de caractères et de comportement est réduit
à néant. C'est le patrimoine génétique qui
programme l'être.
Devant un débile mental, la science reste impuissante.
Elle peut seulement se demander pourquoi cet enfant est né ainsi,
et quelles sont les causes de la détérioration de son patrimoine
génétique.
Quand enfin nous comprendrons que la vie actuelle ne met
pas seulement en jeu notre santé, mais aussi celle de notre patrimoine
génétique, un grand pas sera franchi, Les tares ne tombent
pas du ciel, mais résultent d'excès non conformes à
une vie naturelle.
Ne s'occuper que de l'individu, interdire les produits
mortels - la drogue, par exemple - ou les toxiques d'accoutumance, comme
l'alcool ou le tabac, mais ne pas se préoccuper de ce qui détériore
son patrimoine génétique, et peut générer des
êtres tarés, voilà quelque chose d'absolument aberrant.
Notre manière de vivre
Notre manière de vivre modifie notre patrimoine
génétique. Alors que nous étions naturellement construits
pour surmonter toutes les adversités, le petit enfant apprend déjà
que le moindre bobo doit être soigné, pansé. Cela lui
montre qu'il ne peut guérir naturellement comme un animal. On lui
met dans la tête que sans les connaissances humaines, il serait incapable
de survivre.
Ainsi, on substitue à des défenses naturelles
des défenses artificielles. Ces premières, inscrites dans
le patrimoine génétique, risquent de s'affaiblir, jusqu'à
devenir insuffisantes, dans tous les domaines : blessures, maladies, intempéries.
Chaque appel à une défense artificielle - pas seulement médicale
- est une perte de liberté, une nouvelle chaîne.
Ma conviction
Ma conviction est la suivante: notre comportement et notre
évolution physique sont commandés par notre patrimoine génétique.
Le fait qui l'homme ne diffère en rien, biologiquement, de l'animal,
m'incite à observer le comportement et l'évolution de ce
dernier pour retrouver ce qui doit être la vie naturelle de l'homme.
J'ai ensuite recherché ce quelque chose qui avait
peu à peu fait sortir l'homme du règne animal, en modifiant
son environnement et son comportement. Alors que dans l'ensemble, la perpétuation
du règne animal et du règne végétal semblent
assurées malgré la terrible dévastation de la nature
par l'homme, je me suis demandé si ce dernier allait vers un paradis
terrestre ou vers un enfer qui le détruirait.
Quel sens fallait-il donner à une amélioration
continue de notre sort?
Le progrès
Le progrès ne nous est pas imposé. Il résulte
de la libre utilisation des inventions. Il pourrait donc paraître
bénéfique pour cette raison.
L'imagination créatrice qui caractérise
les inventeurs est une disposition congénitale, Elle ne s'acquiert
pas.
Parfois à un très faible degré, l'invention
est toujours géniale: elle dépasse tout ce que l'homme de
l'art peut trouver en utilisant toutes ses connaissances.
L'invention n'est pas faite en vue de ses conséquences.
L'inventeur les ignore. Les frères Lumière, après
avoir fait une démonstration du cinématographe, déclarèrent
qu'il n'avait aucun avenir commercial, et que se serait folie d'y investir
la moindre somme d'argent.
On peut donc parler d'une évolution aveugle du
progrès favorisant certains hommes entreprenants, mais en ruinant
beaucoup d'autres.
Autrefois, tous les biens utilisés par les hommes
étaient produits par des entreprises familiales, artisanales et
agricoles.
Tous ces métiers étaient intelligents, car
perfectibles par ceux qui les pratiquaient. Ils furent la base solide d'une
merveilleuse civilisation qui s'épanouit en France au siècle
de Louis XIV.
Cependant, des inventions allaient peu à peu rendre
obsolètes toutes les techniques utilisées par ces métiers.
Des millions de familles furent peu à peu ruinées.
Des régions entières se désertifièrent.
Personne n'avait voulu cela, On l'accepta comme le prix
à payer pour aller vers cette nouvelle société merveilleusement
heureuse où nous menait le progrès.
De l'est à l'ouest, du nord au sud, les gouvernements
n'eurent qu'un objectif : augmenter le P.I.B. et le niveau de vie, sans
s'apercevoir - en observant autour d'eux - que cette progression continuelle
ne nous rapprochait nullement de cette société idéale
au nom de laquelle on nous console de toutes nos souffrances.
Cette évolution
Cette évolution de notre société
ne se fait pas au détriment de tous.
Il est bien loin le temps où il fallait gagner
son pain à la sueur de son front. La principale source de rapide
enrichissement reste de nos jours la spéculation - qui ne produit
rien et qui gagne au détriment de la communauté.
Les énormes profits réalises en spéculant
sur les monnaies sont les seuls qui soient nets d'impôts. Ceux qui
réussissent le mieux - même au détriment de la Banque
de France, donc de nous - sont reçus par le président de
la République pour les honorer.
Puisque les médias font l'opinion. publique, les
financiers internationaux sont dans leur rôle de vouloir en devenir
propriétaires.
Malgré le désir sincère d'indépendance
des journalistes visàvis de leurs employeurs, la réalité,
hélas, veut toujours que, finalement, l'argent commande.
La finance internationale s'investit partout où
il est profitable de faire travailler ceux qui produisent.
Lorsqu'une entreprise n'est plus rentable, en tel lieu
du globe, au nom de la libre concurrence, elle doit disparaître.
C'est logique et il n'y a rien à dire.
Les médias ne peuvent qu'approuver cette évolution
vers la libre circulation des capitaux et des marchandises.
Ce ne sont plus seulement des régions qui vont
s'appauvrir et se désertifier, mais des pays entiers.
Qu'importe ! On dira aux populations concernées
de partir vers des pays où les conditions économiques sont
meilleures.
Cependant, petit travailleur de la base ou grand financier,
nous sommes tous dans le même bateau.
Le naufrage nous fera tous périr.
Mes conversations avec mon ami André Garin sont
ici rapportées, divisées en chapitres. Souvent, j'ai utilisé
le mot «homme» pour «être humain». Le lecteur
rectifiera de lui-même s'il est choqué.
Les intertitres sont de Marc
Schweizer
© by Maxime Laguerre
& Editions de l'Étenel Retour
Ordre Naturel 2 :
Les mécanismes de la
transmission de la vie
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