Maxime Laguerre
Un autre regard sur l'Education  5
 


L’Éducation nationale

Ainsi, grâce à l’invention de l’imprimerie l’abstrait prit le pas sur le concret, les mots et les chiffres dont la représentation concrète était constante se détachèrent du réel, quittèrent notre monde sensible pour vivre leur propre vie. Ce flot de mots et de chiffres dont on nous abreuve chaque jour n’ont plus aucun sens ou plutôt chacun les comprend à sa manière.
Cette ambiguïté fait la délectation des intellectuels qui en discutent à perte de vue.
Sait-on que les premiers mots de la Bible : « Au commencement » donnèrent lieu a plus de 850 interprétations par les plus grands théologiens ? Autrefois parler d’une douzaine d’œufs n’avait qu’un sens et c’est pourquoi hommes et femmes avaient les pieds sur terre et la tête froide.
Chacun sait que le travail manuel décrété obligatoire pour les enfants est quelque chose de monstrueux. Cependant, pendant des siècles et des siècles nos ancêtres paysans et artisans faisaient travailler leurs enfants du matin au soir. Ce sont des choses qu’on n’ose pas dire tant elles sont contraires aux idéologies du xxie siècle. Nous oublions que nous n’existerions pas si cela n’avait pas été ainsi. C’était une nécessité pour survivre.

Jules Ferry et l'école laïque et obligatoire

Lorsque Jules Ferry créa l’école laïque et obligatoire et bien que beaucoup d’enfants de paysans préféraient les travaux de la ferme à ceux de l’école, cette obligation fut saluée par les intellectuels comme une merveilleuse décision. Ainsi dès la fin du xixe siècle l’idéologie dominante considérait que le savoir abstrait, intellectuel était noble, enrichissant, gratifiant et le savoir-faire concret était vil, dégradant.
Ce fut à la même époque que peintres et sculpteurs qui tentaient jusqu’ici de fixer pour l’éternité et de faire partager l’émotion éprouvée à la vue d’un paysage, d’un corps, d’un visage, d’une scène virent leur art torpillé par l’invention de la photographie.
Certains grands peintres impressionnistes furent tout d’abord  enthousiasmés par cette nouvelle technique. Ils pensaient qu’elle les aiderait dans leur travail mais ils s’aperçurent qu’un photographe pouvait lui aussi éprouver une émotion devant un visage, un corps, un paysage et la communiquer par une photo pour la faire partager.
Dès lors l’art figuratif dut se réfugier dans l’art abstrait purement intellectuel, ne traduisant aucune émotion et ne pouvant être directement compris par le profane.

Jules Ferry

Le projet de Jules Ferry allait dans le sens de l’histoire qui lamine les particularismes pour aller vers l’universalisme. La lutte contre les langues régionales fut un des principaux objectifs des instituteurs de l’école primaire. Tout cela partait d’un bon sentiment bien que de nos jours ce « progrès » aboutit à la disparition progressive de notre propre langue au bénéfice de l’américain.
A cette époque il n’existait encore ni magazine pour enfants, ni radio, ni télévision, et très peu de livres. Les enfants majoritairement issus de milieux ruraux connaissaient leur village, ses habitants, les métiers qui y étaient pratiqués, les animaux domestiques et sauvages de leur région, les plantes, les arbres, les fruits et bien d’autres choses appartenant au monde sensible. Toutes ces connaissances n’étaient pas médiatisées mais directement perçues par les cinq sens des enfants.
Depuis son origine l’être humain vit en groupe et chacun s’efforce d’apporter des informations au groupe. Celui qui en apporte le plus jouit d’un prestige incontestable bien que ses récits ne soient pas toujours exacts. C’est pourquoi les plus âgés du groupe restaient toujours sur leurs gardes et prévenaient : « A beau mentir qui vient de loin. » Chez les jeunes, au contraire : « Tout nouveau, tout beau » et c’est pourquoi les connaissances transmises par l’instituteur fascinaient.
Lui seul détenait ce savoir et il était heureux et fier de le transmettre.
Au début de l’école laïque et obligatoire les instituteurs étaient appelés : « Les Hussards noirs de la République. » Ils avaient foi en leur mission. Mon grand-père maternel était inspecteur de l’enseignement primaire et sa sœur institutrice et je me souviens d’eux comme de personnes ne songeant qu’à servir. Grâce à eux tous les enfants allaient entrer dans le monde des connaissances de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles. Ils allaient apprendre à lire, à écrire, à compter grâce à quoi ils pourraient eux-mêmes s’instruire.

L'instruction publique

A cette époque l’Éducation nationale s’appelait l’Instruction publique. Ses ambitions étaient donc plus modestes bien qu’en fait les instituteurs s’occupaient plus d’éducation que de nos jours. Avec leur règle, ils tapaient sur les doigts des enfants indisciplinés, négligeants ou qui parlaient le patois entre eux. De nos jours un tel comportement risquerait de mener le professeur devant un tribunal.
Désormais les enfants pouvaient se situer dans la France et celle-ci dans le monde. A la fin de l’école primaire ils obtenaient un certificat d’études qui en fait était beaucoup plus difficile que le baccalauréat de nos jours.
En dehors de l’école primaire, dans les lycées on préparait les enfants plus intellectuels que manuels au baccalauréat et ensuite aux grandes écoles qui formaient les hauts fonctionnaires et les ingénieurs et patrons des entreprises privées.
Comment tous ces instituteurs et professeurs si dévoués à la nation et si respectés, si convaincus de l’utilité de leur mission ont-ils pu peu à peu se muer en fonctionnaires désabusés accumulant les privilèges et devenant une véritable nomenklatura que leur ministre a dénommée Mammouth pour sa puissance et son incapacité à s’adapter aux transformations de la société ?
Au début du xxe siècle les instituteurs étaient les seuls médias entre la plupart des connaissances abstraites et les enfants. De ce fait auprès de ceux-ci leur prestige était immense. De nos jours il n’en est plus de même car la jeunesse dispose de magazines, radio, télévisions qui l’abreuvent d’informations, reportages qui couvrent tout l’univers. Un cours d’histoire paraît bien pâle et ennuyeux à côté des nombreux films qui traitent des mêmes sujets bien qu’ils soient très souvent loin de la vérité historique.
Apprendre à connaître le Pérou à l’école ou voir un magnifique reportage sur ce pays ne peut se comparer. De même pour la vie des animaux.

Une école ennuyeuse

L’école est devenue ennuyeuse pour la plupart des élèves qui sont certes heureux d’y retrouver les copains mais dont les cours ne sont qu’un exercice de mémorisation dont la finalité est l’obtention d’un diplôme. Celui-ci obtenu les connaissances nécessaires pour l’obtenir sont vite oubliées.
Avant la guerre il y avait 10 000 bacheliers par an qui étaient tous des intellectuels aimant les connaissances abstraites. De nos jours il y en a 500 000 presque tous issus de milieux manuels c’est-à-dire aimant mieux le concret que l’abstrait. De ce fait ils préfèrent les images, les dessins, les photos, les romans-photo, les bandes dessinées à la pure littérature.
L’image est en effet un ersatz du concret et dans toutes les publicités elle est largement préférée au texte.
Les enseignants ont fini par prendre conscience que la plupart de leurs élèves se désintéressent de la culture abstraite. Ayant ainsi perdu la foi en leur mission ils se sont alors repliés sur eux-mêmes ne s’intéressant plus qu’à leur propre confort intellectuel et matériel. Ils ont alors cherché à obtenir le maximum d’avantages de leur fonction.
On ne saurait reprocher aux enseignants cette transformation tout à fait normale. De Hussards noirs de la République ils sont devenus des privilégiés de la nation. Par contre on peut reprocher à l’État-patron d’avoir cédé continuellement à leurs revendications. Comment accepter que l’Éducation nationale ait sa propre société de ventes par correspondance « la CAMIF », genre la Redoute gérée aux frais de l’Éducation nationale ? Comment accepter qu’elle ait sa propre compagnie d’assurances, la MAIF toujours gérée par les fonds de l’État ? Comment accepter ces centres de vacances, ces maisons de repos, etc., qui l’ont transformée en véritable nomenklatura ?
Beaucoup d’enseignants dont la devise était servir ne pensent plus qu’à se servir.

Claude Allègre

On parle de classes surchargées mais Claude Allègre a dit une fois que d’après ses calculs il y avait un enseignant pour 11 élèves. Puis à la rentrée 1999, il a donné d’autres chiffres soit environ 12 millions d’élèves pour 1 300 000 salariés à l’Éducation nationale. En retirant ceux qui sont dans des services annexes soit 500 000 (!) il reste 800 000 professeurs. Claude Allègre dit que cela fait 25 élèves par classe en moyenne. Tiens, a-t-il perdu sa calculette ? Douze millions divisés par 25 cela fait 480 000 enseignants et pas 800 000. Où sont les 320 000 manquants ?
Il est dans la nature de l’homme, du moins de la plupart des Français d’essayer d’obtenir des passe-droits, des avantages spéciaux, des privilèges. Il n’y a donc rien à reprocher aux enseignants d’avoir tenté de le faire. Mais pourquoi l’État-patron s’est-il montré aussi laxiste, aussi généreux avec les deniers publics ?
Pour une raison très simple : la Chambre des députés est composée d’une majorité de fonctionnaires et l’on est jamais si bien servi que par soi-même. Pourquoi cette disproportion alors qu’il n’y a que cinq millions de fonctionnaires sur quarante millions d’électeurs ? Parce que pour un membre de la Fonction publique il est facile d’avoir une activité politique, de prendre des congés qui ne nuisent nullement à la carrière alors que pour les salariés du privé c’est tout à fait le contraire. Pour eux : « qui va à la chasse perd sa place ».
A une époque où l’on parle constamment de parité, ne serait-il pas temps d’imposer des quotas pour les députés de façon que l’entreprise privée soit représentée en proportion de l’importance qu’elle a en France ?
Songez qu’en 1981, il y avait 161 professeurs-députés alors qu’il n’y a que 1 300 000 salariés à l’Éducation nationale dont 800 000 enseignants sur 40 millions d’électeurs. En comptant 1 300 000 enseignants, le quota leur donnerait 18 députés sur 600.
A cause de ce système détestable les incroyables privilèges dont bénéficient beaucoup de fonctionnaires et qui sont contraires au principe de justice sociale tant de fois proclamé ne seront jamais abolis.

Intellectuels et manuels

Au temps de Jules Ferry tout le monde croyait à l’importance de l’hérédité. Le tout-acquis est venu plus tard surtout grâce aux théories de Sigmund Freud prétendant que l’inconscient qu’on appelait la personnalité se formait dans la petite enfance et n’était donc pas inné.
Par rapport à cette réalité de l’hérédité, l’école de Jules Ferry était cohérente avec une séparation très nette entre le petit pourcentage d’intellectuels qui sauf exception étaient fils d’intellectuels et la grande majorité de manuels.
Pour ces derniers l’école primaire ne voulait pas apporter des connaissances directement utiles à leur métier mais une culture générale leur permettant de mieux se situer dans la nation, dans le monde. Cela nourrissait le côté intellectuel de ces manuels dont certains, grâce à la loterie génétique pouvaient devenir d’authentiques intellectuels, ce que l’on considérait à tort comme une promotion.
Quant aux intellectuels, l’école secondaire les préparait à entrer dans des grandes écoles où l’on formait les cadres de la nation. L’idée erronée du tout-acquis a envahi toute l’intelligentsia juste après la dernière guerre et a été logiquement mise en pratique à l’Éducation nationale. Désormais tous les enfants devaient être arrachés à la formation familiale pour ne recevoir que celle de l’école. Théoriquement l’égalité des chances, grâce à une même formation, devait aboutir à l’égalité des résultats. Il n’en a rien été.
En outre à la suite de la formidable explosion des médias les connaissances procurées par les professeurs ont paru de peu d’intérêt par rapport à tout ce qu’apportaient les magazines, les radios, la télévision. Grâce au téléphone on ne communiquait plus par écrit et si savoir lire paraissait utile aux enfants ils n’avaient plus l’occasion d’écrire. En dehors des dix pour cent d’intellectuels, on ne sait plus de nos jours rédiger une lettre comme on savait le faire au xixe siècle.
De toute façon le français semble condamné. Un film à grand succès, français, présentant la vie de notre héroïne nationale Jeanne d’Arc est tourné directement en américain, langue plus commerciale que le français. Or, je suis persuadé que metteur en scène, scénaristes, acteurs aiment la France et souhaitent préserver son identité mais l’argent finit toujours par commander. Les financiers, et c’est tout à fait logique, ne s’intéressent qu’aux individus qui leur rapportent le plus que ce soit dans l’industrie, le commerce, le sport, l’art. Le champion sportif qui était un véritable héros pour la jeunesse au temps de l’amateurisme n’est plus qu’un support publicitaire. Comme les parents se mettent aussi à penser à l’argent que gagnera leur enfant, ils comprennent que parler américain rapportera beaucoup plus que parler français. La logique du profit condamne toutes les langues européennes à devenir des langues littéraires utilisées par une élite d’intellectuels.
Revenons à l’Éducation nationale dont la doctrine fondamentale s’exprime en deux principes : d’abord celui de la supériorité des connaissances abstraites sur le savoir-faire concret rendant inutile son apprentissage, ensuite le principe du tout-acquis prétendant que les enfants sont entièrement formés par la société à travers l’école.
Au nom de ces deux principes on a mélangé les enfants de milieux intellectuels et manuels pour leur enseigner les mêmes connaissances abstraites.

Le Q.I. ne mesure pas l'intelligence...

A cette erreur est venue s’en greffer une seconde provoquée par l’immigration. Alors qu’il était déjà très problématique de transformer tous les manuels en intellectuels, il l’était bien davantage avec des enfants du tiers monde dont les qualités héréditaires étaient fort éloignées de celles des Européens blancs.
Certes tous les élèves ont un côté intellectuel leur permettant de mémoriser des mots, des chiffres et de les répéter à un contrôle de connaissances. En réduisant les individus à ces seules capacités on peut donner l’impression qu’il existe une culture universelle qui rendra tous les êtres humains égaux.
Pour parfaire ce système on a donc décidé que seule l’intelligence comptait chez l’individu et que cette intelligence qui commandait le comportement se mesurait grâce à un système appelé « quotient intellectuel » ou « Q.I. ».
Ce que nous devons comprendre c’est que le Q.I. ne mesure pas l’intelligence mais une certaine forme d’intelligence. Pour le déterminer on est parti non pas de la réussite dans la vie mais de la réussite scolaire. De ce fait, les meilleurs élèves possèdent le meilleur Q.I. et ont été déclarés les plus intelligents.
Ce qui sépare vraiment les individus entre eux, les ethnies entre elles ce n’est pas la capacité d’apprendre ou d’imiter mais celle de créer, d’innover, d’inventer. Or une « entreprise » est une création continue.
On nous fait croire que le système du Q.I. pour mesurer l’intelligence est objectif, aussi incontestable que le système métrique pour mesurer une longueur alors qu’il a été élaboré par un certain type d’intellectuels pour se glorifier.
C’est ainsi qu’on a sélectionné certains enfants dont le Q.I. atteint des sommets. Ces « surdoués » ne le sont qu’à l’école, rarement dans leur vie professionnelle.
Napoléon Bonaparte lors de ses études dans une école militaire a été très très loin d’être le major de sa promotion. Normalement tous ses professeurs auraient dû le considérer comme un élève surdoué dont les qualités d’intelligence étaient si grandes qu’on en rencontre de telles qu’une fois dans sa vie. Il n’en fut rien. C’est plus tard sur le terrain, militaire ou administratif, qu’il donna sa mesure.
Par ce système de sélection les intellectuels dominent et se réservent la Fonction publique. Celle-ci recrute sur concours dont les épreuves permettent à ceux qui ont le meilleur Q.I. d’avoir les meilleures notes.
Grâce à cela nos fonctionnaires ont en moyenne un Q.I. très supérieur à celui des salariés des entreprises privées. Le plus petit fonctionnaire recruté sur concours à un bon Q.I. alors que l’ouvrier spécialisé, c’est-à-dire le smicard qui travaille en usine, a un Q.I. très faible.
Il est vrai que certaines professions libérales, les plus lucratives et protégées ont adopté un système de recrutement par le Q.I. par exemple notaires, pharmaciens, etc.
Le quotient intellectuel est-il vraiment le critère de sélection indiscutable et sûr ? Pour le chercheur Howard Gardner : « Le Q.I. ignore six formes d’intelligence, il n’explore qu’un éventail restreint d’intelligences, celles liées aux capacités logico-mathématiques et langagières. »
Pour Daniel Goleman : « Parmi les facteurs dont dépend la réussite dans la vie, le Q.I. représente au mieux 20 %. »
On voit bien que Goleman écarte la Fonction publique et ne s’intéresse qu’à la réussite dans les entreprises privées car comme nous l’avons vu l’accès à la Fonction publique dépend à 100 % du Q.I. et la réussite dans la carrière dépend à 90 % du Q.I. puisque la promotion est presque toujours automatique(1).
Voici donc nos enseignants de l’Éducation nationale qui se reproduisent à l’identique afin de mieux défendre leur pré-carré. En effet, ce sont eux-mêmes qui décident des épreuves pour devenir enseignant et ces épreuves, ces concours sont exclusivement basés sur le Q.I., c’est-à-dire sur les capacités intellectuelles qu’ils possèdent.

L'innovation facteur primordial de la réussite

Pour être logiques avec eux-mêmes ils sélectionnent les élèves selon les mêmes méthodes, les bons élèves étant assurés de pouvoir devenir des enseignants. Cette hiérarchisation faite par l’école si elle correspondait à celle de la réussite hors Fonction publique serait exclusivement utilisée pour le recrutement. Or il n’est pas une seule entreprise privée qui recrute uniquement sur diplôme ou qui organise des concours semblables à ceux réalisés par la Fonction publique. Le recrutement des cadres y est un problème difficile et coûteux. Malgré l’utilisation de spécialistes, le résultat est aléatoire. Il est certain que si l’on tient compte des diplômes pour réaliser une première sélection, quantité d’autres facteurs sont pris en compte. Certaines qualités d’une importance primordiale comme la créativité, le don de l’invention ne peuvent être décelées avant qu’elles n’aient produit leurs effets. Or, on sait que pour une entreprise l’innovation, la bonne innovation, est le facteur n° 1 de la réussite.

Les entreprises

Si une entreprise privée appliquait les principes de gestion du personnel existant dans la Fonction publique soit : recrutement sur concours, garantie de l’emploi, promotion à l’ancienneté, elle ferait à coup sûr faillite.
C’est maintenant une chose universellement connue que les entreprises d’État sont si mal gérées qu’elles ne peuvent lutter contre les entreprises privées ayant la même activité. Or le fait que le capital d’une entreprise soit entre les mains de l’État ou de financiers, ou du public ne change rien à l’affaire. Ce qui compte c’est la gestion du personnel. Pourquoi dans ces conditions ne pas appliquer aux entreprises d’État les mêmes règles de gestion du personnel qu’aux entreprises privées ? Parce que la Fonction publique est aux mains des intellectuels qui veulent défendre leur pré-carré, leur système de recrutement par le Q.I., leur garantie de l’emploi quels que soient leur efficacité, leur promotion par ancienneté et tous leurs privilèges accordés par une majorité de députés appartenant à la même Fonction publique.

Problèmes posés par l'émigration

Mais revenons à notre Éducation nationale qui croit comme Condorcet que les différences existant entre les êtres humains viennent uniquement de l’éducation. Croyant donc au « tout-acquis » elle a mélangé manuels et intellectuels pour en faire tous des intellectuels et elle se trouve maintenant en outre confrontée aux problèmes posés par l’immigration.
En 2050, paraît-il, la majorité des élèves sera non européenne, d’origine arabe et africaine avec une petite proportion d’une cinquantaine de races. Difficile de leur parler de nos ancêtres les Gaulois ou de leur dire que Charles Martel a sauvé la France à Poitiers en battant les armées arabes.
Dédaignant toute étude préalable et sérieuse et se fondant sur le précédent italien dont les immigrés du xxe siècle ont été assimilés on décréta qu’il nous serait facile grâce à l’Éducation nationale d’intégrer un nombre illimité d’immigrés de tous pays.
Or s’il est vrai que le côté intellectuel d’un individu s’intègre facilement, quand on entre dans le domaine du concret, c’est-à-dire du comportement qui est dicté par la nature profonde alors là il n’y a plus d’intégration facile. Elle devient extrêmement rare. Aux États-Unis, l’adoption de la langue anglaise par toutes les communautés a été facile mais celle du même comportement n’a pas été réalisée.
Les Chinois des Chinatowns, les Noirs dans leurs cités, les Mexicains dans le Sud et même parmi les Blancs, les Italiens, les Irlandais, les Polonais, etc., s’efforcent de conserver des coutumes de leur pays d’origine qui correspondent à leur nature profonde. Cette croyance des intellectuels que le comportement est dicté par l’intelligence ou la raison et qu’en formant celle-ci on commande celui-là est totalement faux.

Instruire et éduquer

Dans tous les dictionnaires, instruire et éduquer sont presque synonymes mais par quelques exemples on aperçoit des nuances. C’est ainsi qu’on peut parler d’éducation physique mais pas d’instruction physique. L’instruction s’adresse à l’esprit et l’éducation au corps. Proposons nos définitions.
Instruire : Action de former et d’enrichir l’esprit en utilisant le langage.
Éduquer : Action de former le comportement, généralement social, par l’exemple concret, les récompenses et les punitions.
Au temps de Jules Ferry, l’Instruction publique s’efforçait de former et d’enrichir l’esprit des enfants. Cependant à l’école on exigeait d’eux un certain comportement et pour l’obtenir l’instituteur utilisait sa règle et d’autres punitions concrètes.
En fait c’était la famille qui s’occupait essentiellement de l’éducation et les parents avaient tous les droits dans ce domaine.
Depuis que l’Instruction publique est devenue l’Éducation nationale, les enseignants se contentent de former et d’enrichir l’esprit. Le comportement social, appelé civisme, est instruit par des mots. L’exemple, la punition, la récompense n’existent plus.
L’autorité de la famille a disparu pour différentes raisons. Les enfants ne sont donc plus éduqués, ni dans leur famille, ni à l’école. C’est donc un retour à l’état sauvage qui se traduit par la formation de bandes ayant leurs dominants, leurs meneurs dont le prestige vient toujours de leur comportement physique.
Alors qu’il y a cinquante ans les enseignants voulaient que l’école soit ouverte, sans clôture, symbole de l’ouverture au monde et que la vue d’un policier leur donnait des boutons voilà que tout change, qu’ils réclament de hautes clôtures, des contrôles renforcés à l’entrée, un service d’ordre policier ou assimilé jusque dans les classes. Comme en outre l’école est obligatoire sous peine de graves sanctions envers les familles qui ne forceraient pas leurs enfants à y aller, de telles méthodes utilisées dans un régime totalitaire seraient jugées odieuses.

Conclusions

Les enseignants sont plus à plaindre qu’à blâmer. Ils sont désabusés, confrontés à des problèmes dont ils ne distinguent pas la solution. Ils se consolent par certains avantages dont ils bénéficient et dont le maintien peut nous paraître leur seul objectif. Au fond d’eux-mêmes ils préféreraient faire un travail dont l’utilité pour tous les enfants et pour la société leur paraîtrait évidente.
Maxime Laguerre

 
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L'Ordre Naturel

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