L’Éducation nationale
Ainsi, grâce à l’invention
de l’imprimerie l’abstrait prit le pas sur le concret, les mots et les
chiffres dont la représentation concrète était constante
se détachèrent du réel, quittèrent notre monde
sensible pour vivre leur propre vie. Ce flot de mots et de chiffres dont
on nous abreuve chaque jour n’ont plus aucun sens ou plutôt chacun
les comprend à sa manière.
Cette ambiguïté fait
la délectation des intellectuels qui en discutent à perte
de vue.
Sait-on que les premiers mots de
la Bible : « Au commencement » donnèrent lieu a plus
de 850 interprétations par les plus grands théologiens ?
Autrefois parler d’une douzaine d’œufs n’avait qu’un sens et c’est pourquoi
hommes et femmes avaient les pieds sur terre et la tête froide.
Chacun sait que le travail manuel
décrété obligatoire pour les enfants est quelque chose
de monstrueux. Cependant, pendant des siècles et des siècles
nos ancêtres paysans et artisans faisaient travailler leurs enfants
du matin au soir. Ce sont des choses qu’on n’ose pas dire tant elles sont
contraires aux idéologies du xxie siècle. Nous oublions que
nous n’existerions pas si cela n’avait pas été ainsi. C’était
une nécessité pour survivre.
Jules Ferry et l'école laïque
et obligatoire
Lorsque Jules Ferry créa
l’école laïque et obligatoire et bien que beaucoup d’enfants
de paysans préféraient les travaux de la ferme à ceux
de l’école, cette obligation fut saluée par les intellectuels
comme une merveilleuse décision. Ainsi dès la fin du xixe
siècle l’idéologie dominante considérait que le savoir
abstrait, intellectuel était noble, enrichissant, gratifiant et
le savoir-faire concret était vil, dégradant.
Ce fut à la même époque
que peintres et sculpteurs qui tentaient jusqu’ici de fixer pour l’éternité
et de faire partager l’émotion éprouvée à la
vue d’un paysage, d’un corps, d’un visage, d’une scène virent leur
art torpillé par l’invention de la photographie.
Certains grands peintres impressionnistes
furent tout d’abord enthousiasmés par cette nouvelle technique.
Ils pensaient qu’elle les aiderait dans leur travail mais ils s’aperçurent
qu’un photographe pouvait lui aussi éprouver une émotion
devant un visage, un corps, un paysage et la communiquer par une photo
pour la faire partager.
Dès lors l’art figuratif
dut se réfugier dans l’art abstrait purement intellectuel, ne traduisant
aucune émotion et ne pouvant être directement compris par
le profane.
Jules Ferry
Le projet de Jules Ferry allait
dans le sens de l’histoire qui lamine les particularismes pour aller vers
l’universalisme. La lutte contre les langues régionales fut un des
principaux objectifs des instituteurs de l’école primaire. Tout
cela partait d’un bon sentiment bien que de nos jours ce « progrès
» aboutit à la disparition progressive de notre propre langue
au bénéfice de l’américain.
A cette époque il n’existait
encore ni magazine pour enfants, ni radio, ni télévision,
et très peu de livres. Les enfants majoritairement issus de milieux
ruraux connaissaient leur village, ses habitants, les métiers qui
y étaient pratiqués, les animaux domestiques et sauvages
de leur région, les plantes, les arbres, les fruits et bien d’autres
choses appartenant au monde sensible. Toutes ces connaissances n’étaient
pas médiatisées mais directement perçues par les cinq
sens des enfants.
Depuis son origine l’être
humain vit en groupe et chacun s’efforce d’apporter des informations au
groupe. Celui qui en apporte le plus jouit d’un prestige incontestable
bien que ses récits ne soient pas toujours exacts. C’est pourquoi
les plus âgés du groupe restaient toujours sur leurs gardes
et prévenaient : « A beau mentir qui vient de loin. »
Chez les jeunes, au contraire : « Tout nouveau, tout beau »
et c’est pourquoi les connaissances transmises par l’instituteur fascinaient.
Lui seul détenait ce savoir
et il était heureux et fier de le transmettre.
Au début de l’école
laïque et obligatoire les instituteurs étaient appelés
: « Les Hussards noirs de la République. » Ils avaient
foi en leur mission. Mon grand-père maternel était inspecteur
de l’enseignement primaire et sa sœur institutrice et je me souviens d’eux
comme de personnes ne songeant qu’à servir. Grâce à
eux tous les enfants allaient entrer dans le monde des connaissances de
l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles. Ils allaient
apprendre à lire, à écrire, à compter grâce
à quoi ils pourraient eux-mêmes s’instruire.
L'instruction publique
A cette époque l’Éducation
nationale s’appelait l’Instruction publique. Ses ambitions étaient
donc plus modestes bien qu’en fait les instituteurs s’occupaient plus d’éducation
que de nos jours. Avec leur règle, ils tapaient sur les doigts des
enfants indisciplinés, négligeants ou qui parlaient le patois
entre eux. De nos jours un tel comportement risquerait de mener le professeur
devant un tribunal.
Désormais les enfants pouvaient
se situer dans la France et celle-ci dans le monde. A la fin de l’école
primaire ils obtenaient un certificat d’études qui en fait était
beaucoup plus difficile que le baccalauréat de nos jours.
En dehors de l’école primaire,
dans les lycées on préparait les enfants plus intellectuels
que manuels au baccalauréat et ensuite aux grandes écoles
qui formaient les hauts fonctionnaires et les ingénieurs et patrons
des entreprises privées.
Comment tous ces instituteurs et
professeurs si dévoués à la nation et si respectés,
si convaincus de l’utilité de leur mission ont-ils pu peu à
peu se muer en fonctionnaires désabusés accumulant les privilèges
et devenant une véritable nomenklatura que leur ministre a dénommée
Mammouth pour sa puissance et son incapacité à s’adapter
aux transformations de la société ?
Au début du xxe siècle
les instituteurs étaient les seuls médias entre la plupart
des connaissances abstraites et les enfants. De ce fait auprès de
ceux-ci leur prestige était immense. De nos jours il n’en est plus
de même car la jeunesse dispose de magazines, radio, télévisions
qui l’abreuvent d’informations, reportages qui couvrent tout l’univers.
Un cours d’histoire paraît bien pâle et ennuyeux à côté
des nombreux films qui traitent des mêmes sujets bien qu’ils soient
très souvent loin de la vérité historique.
Apprendre à connaître
le Pérou à l’école ou voir un magnifique reportage
sur ce pays ne peut se comparer. De même pour la vie des animaux.
Une école ennuyeuse
L’école est devenue ennuyeuse
pour la plupart des élèves qui sont certes heureux d’y retrouver
les copains mais dont les cours ne sont qu’un exercice de mémorisation
dont la finalité est l’obtention d’un diplôme. Celui-ci obtenu
les connaissances nécessaires pour l’obtenir sont vite oubliées.
Avant la guerre il y avait 10 000
bacheliers par an qui étaient tous des intellectuels aimant les
connaissances abstraites. De nos jours il y en a 500 000 presque tous issus
de milieux manuels c’est-à-dire aimant mieux le concret que l’abstrait.
De ce fait ils préfèrent les images, les dessins, les photos,
les romans-photo, les bandes dessinées à la pure littérature.
L’image est en effet un ersatz du
concret et dans toutes les publicités elle est largement préférée
au texte.
Les enseignants ont fini par prendre
conscience que la plupart de leurs élèves se désintéressent
de la culture abstraite. Ayant ainsi perdu la foi en leur mission ils se
sont alors repliés sur eux-mêmes ne s’intéressant plus
qu’à leur propre confort intellectuel et matériel. Ils ont
alors cherché à obtenir le maximum d’avantages de leur fonction.
On ne saurait reprocher aux enseignants
cette transformation tout à fait normale. De Hussards noirs de la
République ils sont devenus des privilégiés de la
nation. Par contre on peut reprocher à l’État-patron d’avoir
cédé continuellement à leurs revendications. Comment
accepter que l’Éducation nationale ait sa propre société
de ventes par correspondance « la CAMIF », genre la Redoute
gérée aux frais de l’Éducation nationale ? Comment
accepter qu’elle ait sa propre compagnie d’assurances, la MAIF toujours
gérée par les fonds de l’État ? Comment accepter ces
centres de vacances, ces maisons de repos, etc., qui l’ont transformée
en véritable nomenklatura ?
Beaucoup d’enseignants dont la devise
était servir ne pensent plus qu’à se servir.
Claude Allègre
On parle de classes surchargées
mais Claude Allègre a dit une fois que d’après ses calculs
il y avait un enseignant pour 11 élèves. Puis à la
rentrée 1999, il a donné d’autres chiffres soit environ 12
millions d’élèves pour 1 300 000 salariés à
l’Éducation nationale. En retirant ceux qui sont dans des services
annexes soit 500 000 (!) il reste 800 000 professeurs. Claude Allègre
dit que cela fait 25 élèves par classe en moyenne. Tiens,
a-t-il perdu sa calculette ? Douze millions divisés par 25 cela
fait 480 000 enseignants et pas 800 000. Où sont les 320 000 manquants
?
Il est dans la nature de l’homme,
du moins de la plupart des Français d’essayer d’obtenir des passe-droits,
des avantages spéciaux, des privilèges. Il n’y a donc rien
à reprocher aux enseignants d’avoir tenté de le faire. Mais
pourquoi l’État-patron s’est-il montré aussi laxiste, aussi
généreux avec les deniers publics ?
Pour une raison très simple
: la Chambre des députés est composée d’une majorité
de fonctionnaires et l’on est jamais si bien servi que par soi-même.
Pourquoi cette disproportion alors qu’il n’y a que cinq millions de fonctionnaires
sur quarante millions d’électeurs ? Parce que pour un membre de
la Fonction publique il est facile d’avoir une activité politique,
de prendre des congés qui ne nuisent nullement à la carrière
alors que pour les salariés du privé c’est tout à
fait le contraire. Pour eux : « qui va à la chasse perd sa
place ».
A une époque où l’on
parle constamment de parité, ne serait-il pas temps d’imposer des
quotas pour les députés de façon que l’entreprise
privée soit représentée en proportion de l’importance
qu’elle a en France ?
Songez qu’en 1981, il y avait 161
professeurs-députés alors qu’il n’y a que 1 300 000 salariés
à l’Éducation nationale dont 800 000 enseignants sur 40 millions
d’électeurs. En comptant 1 300 000 enseignants, le quota leur donnerait
18 députés sur 600.
A cause de ce système détestable
les incroyables privilèges dont bénéficient beaucoup
de fonctionnaires et qui sont contraires au principe de justice sociale
tant de fois proclamé ne seront jamais abolis.
Intellectuels et manuels
Au temps de Jules Ferry tout le
monde croyait à l’importance de l’hérédité.
Le tout-acquis est venu plus tard surtout grâce aux théories
de Sigmund Freud prétendant que l’inconscient qu’on appelait la
personnalité se formait dans la petite enfance et n’était
donc pas inné.
Par rapport à cette réalité
de l’hérédité, l’école de Jules Ferry était
cohérente avec une séparation très nette entre le
petit pourcentage d’intellectuels qui sauf exception étaient fils
d’intellectuels et la grande majorité de manuels.
Pour ces derniers l’école
primaire ne voulait pas apporter des connaissances directement utiles à
leur métier mais une culture générale leur permettant
de mieux se situer dans la nation, dans le monde. Cela nourrissait le côté
intellectuel de ces manuels dont certains, grâce à la loterie
génétique pouvaient devenir d’authentiques intellectuels,
ce que l’on considérait à tort comme une promotion.
Quant aux intellectuels, l’école
secondaire les préparait à entrer dans des grandes écoles
où l’on formait les cadres de la nation. L’idée erronée
du tout-acquis a envahi toute l’intelligentsia juste après la dernière
guerre et a été logiquement mise en pratique à l’Éducation
nationale. Désormais tous les enfants devaient être arrachés
à la formation familiale pour ne recevoir que celle de l’école.
Théoriquement l’égalité des chances, grâce à
une même formation, devait aboutir à l’égalité
des résultats. Il n’en a rien été.
En outre à la suite de la
formidable explosion des médias les connaissances procurées
par les professeurs ont paru de peu d’intérêt par rapport
à tout ce qu’apportaient les magazines, les radios, la télévision.
Grâce au téléphone on ne communiquait plus par écrit
et si savoir lire paraissait utile aux enfants ils n’avaient plus l’occasion
d’écrire. En dehors des dix pour cent d’intellectuels, on ne sait
plus de nos jours rédiger une lettre comme on savait le faire au
xixe siècle.
De toute façon le français
semble condamné. Un film à grand succès, français,
présentant la vie de notre héroïne nationale Jeanne
d’Arc est tourné directement en américain, langue plus commerciale
que le français. Or, je suis persuadé que metteur en scène,
scénaristes, acteurs aiment la France et souhaitent préserver
son identité mais l’argent finit toujours par commander. Les financiers,
et c’est tout à fait logique, ne s’intéressent qu’aux individus
qui leur rapportent le plus que ce soit dans l’industrie, le commerce,
le sport, l’art. Le champion sportif qui était un véritable
héros pour la jeunesse au temps de l’amateurisme n’est plus qu’un
support publicitaire. Comme les parents se mettent aussi à penser
à l’argent que gagnera leur enfant, ils comprennent que parler américain
rapportera beaucoup plus que parler français. La logique du profit
condamne toutes les langues européennes à devenir des langues
littéraires utilisées par une élite d’intellectuels.
Revenons à l’Éducation
nationale dont la doctrine fondamentale s’exprime en deux principes : d’abord
celui de la supériorité des connaissances abstraites sur
le savoir-faire concret rendant inutile son apprentissage, ensuite le principe
du tout-acquis prétendant que les enfants sont entièrement
formés par la société à travers l’école.
Au nom de ces deux principes on
a mélangé les enfants de milieux intellectuels et manuels
pour leur enseigner les mêmes connaissances abstraites.
Le Q.I. ne mesure pas l'intelligence...
A cette erreur est venue s’en greffer
une seconde provoquée par l’immigration. Alors qu’il était
déjà très problématique de transformer tous
les manuels en intellectuels, il l’était bien davantage avec des
enfants du tiers monde dont les qualités héréditaires
étaient fort éloignées de celles des Européens
blancs.
Certes tous les élèves
ont un côté intellectuel leur permettant de mémoriser
des mots, des chiffres et de les répéter à un contrôle
de connaissances. En réduisant les individus à ces seules
capacités on peut donner l’impression qu’il existe une culture universelle
qui rendra tous les êtres humains égaux.
Pour parfaire ce système
on a donc décidé que seule l’intelligence comptait chez l’individu
et que cette intelligence qui commandait le comportement se mesurait grâce
à un système appelé « quotient intellectuel
» ou « Q.I. ».
Ce que nous devons comprendre c’est
que le Q.I. ne mesure pas l’intelligence mais une certaine forme d’intelligence.
Pour le déterminer on est parti non pas de la réussite dans
la vie mais de la réussite scolaire. De ce fait, les meilleurs élèves
possèdent le meilleur Q.I. et ont été déclarés
les plus intelligents.
Ce qui sépare vraiment les
individus entre eux, les ethnies entre elles ce n’est pas la capacité
d’apprendre ou d’imiter mais celle de créer, d’innover, d’inventer.
Or une « entreprise » est une création continue.
On nous fait croire que le système
du Q.I. pour mesurer l’intelligence est objectif, aussi incontestable que
le système métrique pour mesurer une longueur alors qu’il
a été élaboré par un certain type d’intellectuels
pour se glorifier.
C’est ainsi qu’on a sélectionné
certains enfants dont le Q.I. atteint des sommets. Ces « surdoués
» ne le sont qu’à l’école, rarement dans leur vie professionnelle.
Napoléon Bonaparte lors de
ses études dans une école militaire a été très
très loin d’être le major de sa promotion. Normalement tous
ses professeurs auraient dû le considérer comme un élève
surdoué dont les qualités d’intelligence étaient si
grandes qu’on en rencontre de telles qu’une fois dans sa vie. Il n’en fut
rien. C’est plus tard sur le terrain, militaire ou administratif, qu’il
donna sa mesure.
Par ce système de sélection
les intellectuels dominent et se réservent la Fonction publique.
Celle-ci recrute sur concours dont les épreuves permettent à
ceux qui ont le meilleur Q.I. d’avoir les meilleures notes.
Grâce à cela nos fonctionnaires
ont en moyenne un Q.I. très supérieur à celui des
salariés des entreprises privées. Le plus petit fonctionnaire
recruté sur concours à un bon Q.I. alors que l’ouvrier spécialisé,
c’est-à-dire le smicard qui travaille en usine, a un Q.I. très
faible.
Il est vrai que certaines professions
libérales, les plus lucratives et protégées ont adopté
un système de recrutement par le Q.I. par exemple notaires, pharmaciens,
etc.
Le quotient intellectuel est-il
vraiment le critère de sélection indiscutable et sûr
? Pour le chercheur Howard Gardner : « Le Q.I. ignore six formes
d’intelligence, il n’explore qu’un éventail restreint d’intelligences,
celles liées aux capacités logico-mathématiques et
langagières. »
Pour Daniel Goleman : « Parmi
les facteurs dont dépend la réussite dans la vie, le Q.I.
représente au mieux 20 %. »
On voit bien que Goleman écarte
la Fonction publique et ne s’intéresse qu’à la réussite
dans les entreprises privées car comme nous l’avons vu l’accès
à la Fonction publique dépend à 100 % du Q.I. et la
réussite dans la carrière dépend à 90 % du
Q.I. puisque la promotion est presque toujours automatique(1).
Voici donc nos enseignants de l’Éducation
nationale qui se reproduisent à l’identique afin de mieux défendre
leur pré-carré. En effet, ce sont eux-mêmes qui décident
des épreuves pour devenir enseignant et ces épreuves, ces
concours sont exclusivement basés sur le Q.I., c’est-à-dire
sur les capacités intellectuelles qu’ils possèdent.
L'innovation facteur primordial
de la réussite
Pour être logiques avec eux-mêmes
ils sélectionnent les élèves selon les mêmes
méthodes, les bons élèves étant assurés
de pouvoir devenir des enseignants. Cette hiérarchisation faite
par l’école si elle correspondait à celle de la réussite
hors Fonction publique serait exclusivement utilisée pour le recrutement.
Or il n’est pas une seule entreprise privée qui recrute uniquement
sur diplôme ou qui organise des concours semblables à ceux
réalisés par la Fonction publique. Le recrutement des cadres
y est un problème difficile et coûteux. Malgré l’utilisation
de spécialistes, le résultat est aléatoire. Il est
certain que si l’on tient compte des diplômes pour réaliser
une première sélection, quantité d’autres facteurs
sont pris en compte. Certaines qualités d’une importance primordiale
comme la créativité, le don de l’invention ne peuvent être
décelées avant qu’elles n’aient produit leurs effets. Or,
on sait que pour une entreprise l’innovation, la bonne innovation, est
le facteur n° 1 de la réussite.
Les entreprises
Si une entreprise privée
appliquait les principes de gestion du personnel existant dans la Fonction
publique soit : recrutement sur concours, garantie de l’emploi, promotion
à l’ancienneté, elle ferait à coup sûr faillite.
C’est maintenant une chose universellement
connue que les entreprises d’État sont si mal gérées
qu’elles ne peuvent lutter contre les entreprises privées ayant
la même activité. Or le fait que le capital d’une entreprise
soit entre les mains de l’État ou de financiers, ou du public ne
change rien à l’affaire. Ce qui compte c’est la gestion du personnel.
Pourquoi dans ces conditions ne pas appliquer aux entreprises d’État
les mêmes règles de gestion du personnel qu’aux entreprises
privées ? Parce que la Fonction publique est aux mains des intellectuels
qui veulent défendre leur pré-carré, leur système
de recrutement par le Q.I., leur garantie de l’emploi quels que soient
leur efficacité, leur promotion par ancienneté et tous leurs
privilèges accordés par une majorité de députés
appartenant à la même Fonction publique.
Problèmes posés par
l'émigration
Mais revenons à notre Éducation
nationale qui croit comme Condorcet que les différences existant
entre les êtres humains viennent uniquement de l’éducation.
Croyant donc au « tout-acquis » elle a mélangé
manuels et intellectuels pour en faire tous des intellectuels et elle se
trouve maintenant en outre confrontée aux problèmes posés
par l’immigration.
En 2050, paraît-il, la majorité
des élèves sera non européenne, d’origine arabe et
africaine avec une petite proportion d’une cinquantaine de races. Difficile
de leur parler de nos ancêtres les Gaulois ou de leur dire que Charles
Martel a sauvé la France à Poitiers en battant les armées
arabes.
Dédaignant toute étude
préalable et sérieuse et se fondant sur le précédent
italien dont les immigrés du xxe siècle ont été
assimilés on décréta qu’il nous serait facile grâce
à l’Éducation nationale d’intégrer un nombre illimité
d’immigrés de tous pays.
Or s’il est vrai que le côté
intellectuel d’un individu s’intègre facilement, quand on entre
dans le domaine du concret, c’est-à-dire du comportement qui est
dicté par la nature profonde alors là il n’y a plus d’intégration
facile. Elle devient extrêmement rare. Aux États-Unis, l’adoption
de la langue anglaise par toutes les communautés a été
facile mais celle du même comportement n’a pas été
réalisée.
Les Chinois des Chinatowns, les
Noirs dans leurs cités, les Mexicains dans le Sud et même
parmi les Blancs, les Italiens, les Irlandais, les Polonais, etc., s’efforcent
de conserver des coutumes de leur pays d’origine qui correspondent à
leur nature profonde. Cette croyance des intellectuels que le comportement
est dicté par l’intelligence ou la raison et qu’en formant celle-ci
on commande celui-là est totalement faux.
Instruire et éduquer
Dans tous les dictionnaires, instruire
et éduquer sont presque synonymes mais par quelques exemples on
aperçoit des nuances. C’est ainsi qu’on peut parler d’éducation
physique mais pas d’instruction physique. L’instruction s’adresse à
l’esprit et l’éducation au corps. Proposons nos définitions.
Instruire : Action de former et
d’enrichir l’esprit en utilisant le langage.
Éduquer : Action de former
le comportement, généralement social, par l’exemple concret,
les récompenses et les punitions.
Au temps de Jules Ferry, l’Instruction
publique s’efforçait de former et d’enrichir l’esprit des enfants.
Cependant à l’école on exigeait d’eux un certain comportement
et pour l’obtenir l’instituteur utilisait sa règle et d’autres punitions
concrètes.
En fait c’était la famille
qui s’occupait essentiellement de l’éducation et les parents avaient
tous les droits dans ce domaine.
Depuis que l’Instruction publique
est devenue l’Éducation nationale, les enseignants se contentent
de former et d’enrichir l’esprit. Le comportement social, appelé
civisme, est instruit par des mots. L’exemple, la punition, la récompense
n’existent plus.
L’autorité de la famille
a disparu pour différentes raisons. Les enfants ne sont donc plus
éduqués, ni dans leur famille, ni à l’école.
C’est donc un retour à l’état sauvage qui se traduit par
la formation de bandes ayant leurs dominants, leurs meneurs dont le prestige
vient toujours de leur comportement physique.
Alors qu’il y a cinquante ans les
enseignants voulaient que l’école soit ouverte, sans clôture,
symbole de l’ouverture au monde et que la vue d’un policier leur donnait
des boutons voilà que tout change, qu’ils réclament de hautes
clôtures, des contrôles renforcés à l’entrée,
un service d’ordre policier ou assimilé jusque dans les classes.
Comme en outre l’école est obligatoire sous peine de graves sanctions
envers les familles qui ne forceraient pas leurs enfants à y aller,
de telles méthodes utilisées dans un régime totalitaire
seraient jugées odieuses.
Conclusions
Les enseignants sont plus à
plaindre qu’à blâmer. Ils sont désabusés, confrontés
à des problèmes dont ils ne distinguent pas la solution.
Ils se consolent par certains avantages dont ils bénéficient
et dont le maintien peut nous paraître leur seul objectif. Au fond
d’eux-mêmes ils préféreraient faire un travail dont
l’utilité pour tous les enfants et pour la société
leur paraîtrait évidente.
Maxime Laguerre
Aves-vous lu Maxime Laguerre
?
L'Ordre Naturel
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